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Saints et géants des catastrophes. Le folklore comme réponse à la crise
En cas de désastre, les anthropologues se demandent quelles explications la communauté des survivants a donné à la catastrophe qui les a frappés, quelles responsabilités physiques, métaphysiques ou morales ont été identifiées et, surtout, qui devait en être tenu responsable. Chaque désastre traumatise le groupe humain qui habite la région secouée (par un tremblement de terre, une éruption, une inondation…) et il a besoin d’une stratégie psychologique et sociale pour absorber le choc et, en même temps, pour essayer de garder unie la communauté. C’est pour ça que la religion « produit » souvent des « rites d’urgence », c’est-à-dire des dispositifs folkloriques qui sont, en même temps, des cérémonies liturgiques et des manifestations de socialité visant à contenir l’anxiété. Les rites d’urgence sont la façon dont les survivants cherchent du réconfort en se tenant les uns les autres afin de rester ensemble, de surmonter le désespoir et la désintégration.
Pour la même raison, des contes et légendes émergent souvent ; ce sont des produits culturels qui, en tant que folklore, sont rapidement interprétés comme irrationnels et émotionnels, comme des superstitions et des « histoires du passé ». Pourtant, nous pouvons les considérer comme tous vrais, car formant le catalogue des destins qui peuvent être donnés à un homme et à une femme. Pour les anthropologues, donc, les pratiques dévotionnelles ne sont pas absurdes, mais elles sont une forme de « rationalité sociale » qui, en certains cas, les rendent « nécessaires ». En même temps, les histoires populaires sont une sélection de la mémoire collective et elles transmettent ce qui mérite d’être rappelé, donc elles ont une fonction pédagogique et peuvent offrir une interprétation des lieux.
Conférence animée par Giovanni Gugg
Giovanni Gugg enseigne à l’université de Naples CDD l’anthropologie urbaine et est chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cliniques, cognitives et Sociales de l’université de Nice Côte d’Azur. Ses études s’inscrivent dans le cadre de la recherche sur la relation des communautés humaines avec le paysage qui les environne et, plus particulièrement, avec les territoires à risques. Son travail porte principalement sur l’élaboration culturelle des risques opérée par les habitants des régions menacées par des possibles catastrophes, en tenant compte des émotions et du fatalisme, ainsi que des mécanismes d’auto-organisation et des diverses rationalités (sociales). Au cours des dernières années, il s’est occupé notamment du cas du volcan Vésuve dans la région de Naples.