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La vie au pied du volcan Vésuve : comment vit-on avec un tel risque au-dessus de sa tête ?
Au centre de la grande aire métropolitaine de Naples, le risque volcanique du Vésuve est souvent pris comme modèle d’un équilibre fragile entre l’homme et l’environnement, mais surtout comme exemple de « l’indifférence » et de « l’impréparation » des citoyens à l’égard du danger. Le risque du Vésuve est accompagné de certaines certitudes (on sait bien où l’éruption aura lieu) et de quelques indéterminations (on ne sait pas quand cela adviendra et on ne peut qu’imaginer comment cela se déroulera exactement). Comment est-il possible qu’environ un million de personnes vivent dans un endroit aussi dangereux ? En étudiant le rapport entre la communauté et son environnement, il est possible de comprendre l’élaboration culturelle du risque volcanique pour qui habite dans la « zone rouge » et, en particulier, quels sont les mécanismes et les stratégies élaborés par les résidents pour faire face au risque d’une catastrophe annoncée. Personne nie le risque ou a oublié les catastrophes passées du Vésuve, mais, en même temps, tout le monde rejette inconsciemment cette réalité, en « faisant semblant » de ne pas voir les éléments anxiogènes. Dans mon exposé, je montrerai la présence simultanée de plusieurs facteurs qui rendent possible ce mécanisme de rejet inconscient du danger. La logique de l’urgence du danger laisse place à un équilibre entre les êtres humains et la nature, entre la ville et l’environnement, en posant des questions fortes : quel type de développement on a-t-on poursuivi pendant le XX siècle ? Quel type de ville a-t-on construit et où habite-t-on aujourd’hui ?
Conférence animée par Pierre Carrega
Giovanni Gugg enseigne à l’université de Naples CDD l’anthropologie urbaine et est chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cliniques, cognitives et Sociales de l’université de Nice Côte d’Azur. Ses études s’inscrivent dans le cadre de la recherche sur la relation des communautés humaines avec le paysage qui les environne et, plus particulièrement, avec les territoires à risques. Son travail porte principalement sur l’élaboration culturelle des risques opérée par les habitants des régions menacées par des possibles catastrophes, en tenant compte des émotions et du fatalisme, ainsi que des mécanismes d’auto-organisation et des diverses rationalités (sociales). Au cours des dernières années, il s’est occupé notamment du cas du volcan Vésuve dans la région de Naples.